Utilisation du «fumier humain» issu des toilettes sèches

fumier humain

L’utilisation de fumier humain ou d’excréments humains au jardin, aussi connu sous le nom de « humanure » (terme anglo-saxon qui combine « human » et « manure »), est une pratique encore peu courante mais qui suscite un intérêt croissant, notamment dans le cadre de démarches écologiques et d’autosuffisance. Ce fumier provient des toilettes sèches, un dispositif qui permet de collecter les excréments humains sans utiliser d’eau, en les transformant ensuite en compost.

Qu’est-ce que le fumier humain ?

Le fumier humain issu des toilettes sèches consiste en des excréments (urine et matières fécales) mélangés à des matériaux carbonés comme la sciure, les copeaux de bois ou les feuilles mortes. Ce mélange est ensuite composté pendant une période donnée, permettant une décomposition complète, sécurisée et hygiénique des matières organiques.

 

Les avantages de l’utilisation du fumier humain au jardin

 

    • Gestion durable des déchets humains : Les toilettes sèches permettent de traiter les excréments localement, réduisant la consommation d’eau potable et les coûts associés au traitement des eaux usées. C’est une méthode écologique qui limite la pollution de l’environnement.
    • Ressource en nutriments : Le fumier humain, une fois correctement composté, est riche en azote, phosphore, potassium, et autres oligo-éléments essentiels à la croissance des plantes. Il contribue à améliorer la fertilité du sol, tout comme d’autres types de compost.
    • Réduction du gaspillage : Cette approche transforme un déchet perçu comme problématique en une ressource précieuse pour l’agriculture et le jardinage. Elle participe ainsi à une démarche de circularité des ressources naturelles.
    • Amélioration de la structure du sol : Comme tout compost organique, le fumier humain permet d’enrichir la teneur en matière organique du sol, améliorant sa rétention d’eau, son aération, et sa capacité à nourrir la vie microbienne.

 

Composition

Le fumier humain composté contient environ :

    • 1,5 à 2% d’azote (N)
    • 1 à 2% de phosphore (P2O5)
    • 1 à 1,5 % de potasse (k2o)
    • 3 à 5% de calcium (CaO)
    • 0,5 à 1% de magnésium (MgO)
    • 40 à 60% de matière organique

Comment utiliser le fumier humain ?

Compostage obligatoire et prolongé

Pour utiliser le fumier humain de manière sécurisée et hygiénique, il doit impérativement être composté pendant une période prolongée, en général au moins 12 à 24 mois. Cette longue période permet :

                                              • De tuer les agents pathogènes (bactéries, virus, parasites) qui pourraient être présents dans les excréments humains.
                                              • D’obtenir un compost mature, exempt de risques pour la santé.

Le processus de compostage doit être bien géré, avec une surveillance régulière de la température. Pour une décomposition optimale et la destruction des agents pathogènes, le tas de compost doit atteindre une température de 55 à 65 °C pendant plusieurs jours ( voir l’article sur le compostage des toilettes sèches)

 

Principe de fonctionnement de la séparation des urines

Les toilettes sèches modernes incluent un dispositif de compostage équipé d’un système de séparation des urines (image ci-contre) qui évitent une humidité excessive dans le composteur. Ces toilettes réduisent les mauvaises odeurs et améliorent la gestion des matières solides pour un compostage plus rapide. L’urine peut être utilisée comme engrais du fait de sa richesse en azote (voir l’article sur l’utilisation de l’urine au potager)

 

 

 

 

 

Utilisation pratique au jardin

    • Pour les cultures non comestibles : Le fumier humain composté est parfaitement adapté aux plantes ornementales, aux arbres, aux arbustes, et aux fleurs, où il enrichira le sol sans risque.
    • Pour les cultures comestibles : Si vous souhaitez utiliser ce compost pour des cultures alimentaires, des précautions supplémentaires sont nécessaires. Il est recommandé de l’appliquer uniquement sur les arbres fruitiers, les plantes pérennes, ou les cultures qui ne sont pas en contact direct avec le sol (comme les vignes). Pour les légumes-racines ou les légumes à feuilles, il vaut mieux éviter une application directe du compost de fumier humain pour limiter les risques de contamination ou d’utiliser du fumier dont on est sûr de la qualité hygiènique (compostage dans de bonnes conditions pendant au moins 2 ans (voir paragraphe suivant).

Précautions et risques sanitaires

L’utilisation du fumier humain, bien qu’avantageuse, comporte des risques potentiels si le compostage n’est pas correctement effectué. Voici quelques précautions importantes à prendre :

    • Compostage à haute température : Comme mentionné, il est crucial que le processus de compostage atteigne une température suffisamment élevée (au moins 55 °C) pour détruire les pathogènes. Une attention particulière doit être portée au retournement régulier du tas pour une décomposition uniforme.
    • Durée de compostage : Même si des températures élevées sont atteintes, il est conseillé de composter pendant au moins un an, voire deux ans, pour garantir une décomposition complète et une sécurité optimale.
    • Distinction entre les types de cultures : Il est préférable d’utiliser le fumier humain composté pour les plantes non comestibles ou les arbres fruitiers, en évitant tout contact avec des cultures directement consommées, notamment les légumes-racines ou les salades.
    • Contrôle de la qualité des matières premières : Assurez-vous que le matériel de toilette sèche (sciure ou autres matières carbonées) utilisé est exempt de produits chimiques, car ceux-ci pourraient se retrouver dans le compost final.

Quels sont les inconvénients ou limites ?

    • fumier humainTabou culturel : L’utilisation des excréments humains pour fertiliser des cultures comestibles peut être perçue comme taboue dans certaines cultures ou chez certaines personnes, même si le processus de compostage est sûr.
    • Risque sanitaire : Un compostage mal réalisé peut laisser des agents pathogènes actifs, posant ainsi des risques pour la santé des jardiniers et des consommateurs des produits cultivés. Cela nécessite donc un certain savoir-faire.
    • Compostage long : Le processus de compostage est plus long que pour d’autres types de fumier (comme celui des animaux), et nécessite une gestion rigoureuse.

Le fumier humain issu des toilettes sèches, une fois correctement composté, peut être une excellente ressource pour fertiliser les sols au jardin de manière écologique et durable. Toutefois, il est indispensable de suivre un processus strict de compostage pour éliminer tout risque sanitaire. Si vous respectez ces précautions, vous pouvez enrichir efficacement votre jardin tout en participant à une démarche écologique et circulaire.

C’est une solution durable et prometteuse, mais elle doit être mise en œuvre avec sérieux et rigueur pour en garantir l’innocuité et l’efficacité.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *